Le Domaine Jean-Louis Dutraive à Fleurie

Nous avons une affection toute particulière pour les vins de Jean-Louis Dutraive et leur style bien particulier, c’est donc la bouche en cœur que nous arrivons au domaine en cette belle fin d’après-midi d’automne. Devant initialement être reçus par Mademoiselle Dutraive, nous avons finalement été reçus par Jean-Louis qui se trouvait là par hasard, ayant dû annuler un voyage à Paris pour cause de rhume tenace… Accueil adorable et plein d’humilité du maître des lieux que je tiens à remercier une nouvelle fois pour cet excellent moment.

Le parcellaire

Tout d’abord, rapide passage dans les vignes. Nous constatons que la colline de Fleurie et sa jolie chapelle de la Madone sont situées juste derrière le domaine. Des pentes impressionnantes tout de même, ça ne doit pas être facile à travailler.
Le domaine se compose de 11,5 ha de vignes environ:
– 1,4 ha en Champagne
– 6,5 ha en Grand’cour, qui donnent la cuvée Grand’cour et la cuvée Vieilles Vignes
– 1,9 ha sur La Chapelle des Bois
– 1,8 ha en brouilly

Les sols typiquement beaujolais sont composée de granit décomposé. Ils sont peu profonds sur le Clos, très caillouteux sur champagne et plus profonds sur La chapelle des Bois (env. 1m)
Le Clos a été planté par le père de Jean-Louis en 1970, et les dernières vignes de la parcelle il y a 35 ans.
La Chapelle des bois a été plantée en 1992 par Jean-Louis.
La densité de plantation est généralement de 10000 pieds/ha, parfois 12000 pour les vieilles vignes notamment.

Les vignes de Jean-Louis, juste devant le domaine.

Le travail à la vigne

Le travail est mécanisable car les parcelles s’y prêtent (peu de pente) et ressuient bien, permettant d’y passer en tracteur rapidement après une averse par exemple.
Les sols sont travaillés environ 5 fois par an: 1 fois en hiver, une fois au printemps et 2 à 3 fois en été. Le tassage des sols par les engins est limité, car on griffe après passage pour aérer ce qui a été tassé par les tracteurs.
Jean-Louis utilise environ 3kg de cuivre métal par hectare et aimerait réduire les doses.
Après 2 années de galère et des vignes ravagées par la grêle et le gel, 2018 a enfin permis de renouer avec une belle récolte qui fait un bien fou à l’exploitation pour qui cela devenait difficile. On atteint cependant seulement 28 hl/ha car les bois avaient été pas mal abîmés par les épisodes climatiques désastreux de ces deux dernières années. Sur Brouilly, ça va mieux avec 50hl/ha.
Le passage en bio est intervenu dans les années 90 après des années de bio avec son père suivies d’un retour à la chimie.

  1. Vinification

La vendange se fait en cagettes, puis les raisins sont mis au frigo afin de les refroidir. L’encuvage en vendange entière se fait à 7°C, on ferme et on réouvre 3 semaines après! Pas de remontages ni de pigeages: on laisse les fermentations se faire seules. Elles se finissent généralement vers 20°C. on voit donc que les extractions sont particulièrement douces.
Tout est en levures indigènes avec une utilisation minimale du soufre: un seul ajout à l’assemblage, pour 10mg/l de libre en bouteille à terme.
Les fûts utilisés sont tous d’occasion (provenance Ramonet), le pourcentage de bois neuf est donc nul, il utilise au minimum des fûts de 2 vins. Ni collage ni filtration, mais un soin tout particulier est apporté aux soutirages qui ne se font qu’en jour fruit suivant le calendrier lunaire. Idem pour les mises.
50% de la production du domaine part à l’export.

Les vins

  • Le Brouilly est terminé depuis un mois, avec une fermentation puis un élevage moitié fût et moitié cuve. C’est déjà friand, on le mettrait tout de suite en bouteille!
  • La Fleurie Chapelle des Bois est élevée à 90% en cuve et la mise interviendra en mars. Un vin déjà délicieux doté de plus de corps et de structure.
  • La Madone est une Fleurie issue d’une parcelle du fils de Jean-Louis: Justin, travaillée et vinifiée par ce dernier. Elle se situe sous la chapelle de la Madone, sur la colline à proprement parler, d’ou le nom de la cuvée, avec une orientation sud-est. C’est un vin splendide de gourmandise et d’évidence, nous avons adoré! il semble que la relève soit assurée…
  • La Fleurie VV Le Clos est issue des très vieilles vignes de Clos de la Grand’Cour, plantées dans les années 30-40. Le replantage est en cours, comme cela a précédemment été fait jusqu’en 2015 sur La Chapelle des Bois (entrée en production dans 2 ans). Encore un superbe vin, qui gagne encore en profondeur et en complexité par rapport aux précédents. Il est cependant moins prêt à ce stade et a besoin de se fondre un peu. Aucune inquiétude sur son devenir!
  • La Fleurie Champagne a été vendangée en premier, ce qui a permis de lui garder un supplément de fraîcheur sur ce millésime très mûr.
  • La Part des Grives, cuvée faite sur des raisins laissés sur les vignes lors du premier passage lors des beaux millésimes. Le vin est délicieux! c’est encoure fougueux mais très long, complexe, charnu, suave…il y a tout pour faire une grosse quille dans quelques années, mais la production reste confidentielle. Un vin de repas.

Achat de raisin:

  • Fleurie: provient du Pied de la Rue, parcelle située juste sous la chapelle de la Madone. C’est super bon, tension, fruit, c’est immédiat même si un peu de temps permettra aux tanins encore présents de se fondre.
  • Saint-Amour clos du Chapitre: issu du domaine Chardigny. (je n’ai pas pris de notes à ce moment)
  • Chénas: issu de la part du propriétaire des vignes exploitées par les frères Thillardon, c’est dire la qualité de la matière première. C’est un sol caillouteux issu de la décomposition du granit, avec un peu d’argile en dessous. C’est aussi très bon, avec du volume, de la profondeur, une belle trame acide…
  • Fleurie 2016 en bouteille: 50% foudre/50% cuve. les quelques mois de bouteille ont fait un bien fou au vin, les tanins sont fondus, on a énormément gagné en complexité et en toucher de bouche… je n’y avais pas regoûté depuis la sortie, la surprise est excellente!

Nous avons par la suite laissé Jean-Louis vaquer à ses occupations: il se murmure dans les milieux introduits qu’il avait soirée beaujolais nouveau avec ses amis vignerons!

Ce qu’il faut retenir est la remarquable homogénéité de la gamme sur 2018, avec peut-être un poil moins de fraîcheur que sur les millésimes précédents mais des vins de haute tenue sur toutes les cuvées, et aucun déséquilibre dû au sucre ou à l’alcool. Vivement le printemps!

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